Partie 4
Quand la permaculture aide à façonner notre vision du monde
Journal de bord : à la rencontre d'un adepte de la permaculture.
Julien termine une formation de 10 jours en permaculture à l’éco-lieu de Poul’Art à Rieumes (31).
Aux côtés des formateurs Jessie et Andrew Darlington, et d’un groupe de 10 autres apprentis, il s’immerge dans le design permacole. Son but ? Pouvoir créer son propre lieu de vie et appliquer les principes de la permaculture dans son travail.
Julien sera-t-il certifié en permaculture ?
Je t’embarque avec moi dans ce dernier journal de bord : à la rencontre d’un adepte de la permaculture.
Ce carnet est le dernier d’une série de 4 articles qui me permet d’appréhender la permaculture grâce aux réflexions et ressentis de Julien :
Jour 10 : Éco-construction
17 juillet 2023 : camping Poul’Art
Dring ! Nouveau message de Julien :
“Aujourd’hui, on a vu l’éco-construction. On parle d’habitat. C’est un terrain qui peut être aménagé de différentes manières selon les solutions qu’on privilégie.”
Le groupe d’apprentis en permaculture a vu de nombreux exemples d’aménagement et d’études de cas. Julien me mentionne différents éco-lieux en Australie (Crystal waters et Jarlanbah), au Danemark (Trundeslund) et aux États-Unis (Davis City à Sacramento).
“C’est intéressant d’avoir du recul sur ce qui s’est déjà fait, sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.”
Ils ont aussi abordé les matériaux écologiques, les plus locaux possible, voire sur le terrain même dans le but de “concevoir une maison passive solaire, entourée d’un paysage comestible. Ça serait l’idéal.”
Julien me rappelle le principe nº1 en permaculture : Observer & Interagir. En effet, “la première chose à faire est de définir le positionnement et l’orientation de la maison sur le terrain par rapport aux différents éléments, tout en observant le soleil d’hiver et d’été.”
À ces mots, je me dis que lorsqu’on achète un terrain, il serait intéressant de voir comment il évolue sur une année. Mais qui fait cela de nos jours ?
Puis, ils ont vu l’aspect technique des systèmes avec de nombreux exemples. Julien me cite :
- L’isolation du sol et du toit en interne avec un pare-vapeur et en externe avec un pare-pluie pour évacuer l’eau sous toutes ses formes ;
- Le chauffage avec un poêle de masse et la clim ;
- La cuisine avec une marmite norvégienne ou un four solaire par exemple. “Ce sont des solutions pour économiser l’énergie électrique et utiliser les éléments” ;
- La cave qui permet d’être utilisé comme “réfrigérateur” comme conserver les aliments, les légumes, le vin.
- Les entrées de la maison avec un sas, une zone tampon qui permet de garder la chaleur ou la fraicheur de la maison par rapport à l’extérieur.
Ce dernier exemple me fait directement penser aux earthships ou géonef en français). Ce type d’habitation se base sur la récupération et le recyclage de matériaux, et possède différents sas entre l’extérieur et l’intérieur de la maison.
“Avec cette journée sur l’éco-construction, je me dis que finalement, on est plus ou moins voué au collectif. C’est humain. Il suffit de trouver la mesure entre les habitants d’un lieu. Les exemples présentés sont intéressants, car ils permettent de revoir notre modèle individualiste. Le collectif ne devient plus une contrainte, mais un plaisir de renouer un lien” me commente Julien.
Jour 11 : Permaculture urbaine
18 juillet 2023 : camping Poul’Art
Cette journée est consacrée à la permaculture en milieu urbain. “On constate tous que de nombreuses ressources en ville ne sont pas exploitées. La consommation des ressources de la campagne demande aussi beaucoup d’énergie pour être acheminée à la ville” m’explique Julien.
Il poursuit sa réflexion :
“Je le savais déjà, mais les gens en ville dépendent de l’extérieur comme un supermarché, cela s’est surtout confirmé durant la crise sanitaire du COVID-19. La ville devrait utiliser ses propres ressources !”
Il me raconte que cela pourrait passer par :
- L’apiculture avec les ruches qui sont déjà installées dans les jardins ou sur les toits ;
- La récupération de l’eau de pluie sur les bâtiments et son utilisation ;
- L’arborisation des places et des parcs pour concevoir des espaces verts.
“La ville a différents micro-climats en fonction des rues, des places, des bâtiments et du vent. Il faut en profiter ! Une fois de plus, je me rends compte que c’est le collectif qui fait bouger les lignes.”
Il me donne 3 exemples :
- Tricyclerie à Nantes qui collecte les biodéchets des professionnels et des particuliers en vélo-remorque pour les composts.
- L’éco-pâturage avec des moutons pour tondre les parcs et les jardins.
Le Jardin des Cairns à Grenoble, un design permacole fait par Antoine Talin.
Puis, les formateurs ont partagé avec le groupe plusieurs exemples de leurs propres clients. “Je me suis retrouvé dans “leur marque de fabrique”, celle d’utiliser les gravats”, me précise Julien.
“Lorsque j’étais ouvrier paysagiste, on avait l’habitude d’arriver après les maçons ; tout comme Jessie et Andrew avec leurs clients. Ils utilisent les gravats laissés par les maçons pour surélever les massifs. Cela donne accès à un jardin comestible pour les personnes âgées qui ont du mal à se baisser.”
Jour 12 et 13 : Préparation du design et présentation
19 et 20 juillet 2023 : camping Poul’Art
La formation se termine dans 2 jours. Je sens Julien un peu plus fatigué dans ses audios.
Son message commence toujours de la même façon : “Jour 12 – formation permaculture, alors aujourd’hui…” Il m’explique que la matinée est consacrée à l’exemple de la ferme d’Andy et Jessie, les deux formateurs.
“On comprend concrètement ce qu’ils ont fait chez eux, pourquoi et comment ils l’ont fait. Cela nous montre aussi comment rendre un lieu résilient.”
Julien poursuit : “Il y a tellement d’histoires et d’exemples… C’est bien d’avoir la théorie en permaculture, mais les connaissances se font surtout par l’expérience. C’est un point essentiel que je retiens sur le design de la permaculture.”
Depuis 8 jours maintenant, les apprentis travaillent sur le design du camping Poul’Art tous les après-midi. Le design prend forme et les élèves se préparent à donner leur compte rendu le lendemain aux gérants et initiateurs de lieu.
C’est quoi un design en permaculture ?
Le design de permaculture est une méthodologie qui permet de mettre en place des solutions pour concevoir son lieu de vie.
20 juillet 2023, la journée commence comme à son habitude par un cercle des apprentis et des formateurs. Chacun y exprime ses réflexions et ses ressentis sur le travail à faire et la présentation à donner.
Julien me confie :
“C’est drôle. Avec ce genre de cercle, on parle toujours d’un idéal et des possibilités qui s’offrent à nous, des constats que l’on fait et des solutions qui peuvent être apportées.”
C’est d’ailleurs ce qu’on cherche à faire avec le média Au Bercail, te faire découvrir les différentes possibilités existantes afin d’améliorer durablement ton chez toi.
Il me précise également la réflexion d’Andy, l’un des formateurs : “La permaculture est l’utilisation de “patterns” utilisés pour d’autres choses, dans la mesure où cela fonctionne. Cela peut être un modèle technique, une procédure, un modèle de communication ou de gouvernance… qui peuvent s’utiliser et s’adapter en fonction des situations. Il n’y a pas de “vérité vraie” qui fonctionne pour tous les lieux, mais un “pattern” qui s’adapte en fonction des habitants, de l’environnement, du contexte, du lieu… qui sont à chaque fois différents.”
En entendant ces paroles, je ne peux m’empêcher de penser à Julien et à son souhait d’utiliser la permaculture, son éthique et ses principes dans son travail. C’est drôle, il ne me le mentionne même pas. Je suis curieuse de savoir ce qu’il va mettre en place à l’avenir.
Puis, les apprentis en permaculture exposent leur design à Sophie Rabhi-Bouquet, Laurent Bouquet et les habitants de l’écolieu de Poul’Art.
Ces derniers ont désormais une ligne de conduite avec des méthodes, techniques et stratégies pour optimiser les atouts du lieu et mettre en place des solutions, afin de tendre vers un « mode de vie durable ».
Quelques planches de la présentation :
Pour conclure
Julien est officiellement certifié en Conception en Permaculture (CCP).
“Sorti de la formation, j’avais besoin de la digérer et d’assimiler tout ce que je venais d’apprendre et d’expérimenter. J’avais besoin de prendre du recul.”
À tête reposée, Julien me confie lors de notre visio, que la formation a été très intéressante grâce à son contenu et à sa mise en pratique. “Ce n’est pas juste de la théorie, les formateurs vivent permaculture, c’est presque un mode de vie.”
Il me précise avec un sourire aux lèvres que la formation en présentiel lui a fait du bien. Il a adoré côtoyer d’autres personnes ayant des problématiques avec lesquelles échanger.
Aujourd’hui, son idéal est d’avoir un terrain pour pratiquer la permaculture, “mais je ne veux pas attendre pour l’appliquer”. Face à des contraintes de co-propriétés, je sens une part de frustration de sa part de ne pas pouvoir faire plus. Niveau perso, il fait attention aux ondes wifi et bluetooth, il pense aussi à l’installation d’un panneau solaire pour une partie de son électricité. Niveau pro, il a décidé de travailler avec des clients uniquement dans la transition écologique ou avec les mêmes valeurs. Il cherche toujours la manière la plus écologique pour parvenir à travailler de manière plus vertueuse.
⚠️ Important !
Cette série d’articles n’est pas le résumé de la formation en permaculture donnée par Jessie et Andrew Darlington. Si tu veux plus d’informations sur cette certification, consulte le site : https://lepaysagecomestible.com/