La RE2020, une excellente nouvelle pour l’éco-construction

La Réglementation Environnementale 2020, ou RE2020 si tu préfères le diminutif, est entrée en vigueur le 1er janvier 2022 pour les bâtiments d’habitation. Si elle apporte des avancées concernant la construction en limitant l’impact sur notre belle planète, elle oblige aussi les professionnels du secteur à repenser leurs méthodes de travail. Si tu prévois de rénover ou de construire ton bercail, tu es forcément concerné par cette nouvelle norme. Quelles sont les nouvelles consignes de la RE2020 ? Quels sont les principaux impacts sur les projets de construction ? En quoi l’éco-construction deviendra-t-elle une norme ? Je te dis tout dans cet article.

“Vite Fred, je n’ai pas le temps de tout lire”

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Voici les points à retenir de la RE2022 ici :

Quand commence la RE2020 et qui est concerné ? 
À partir du 1er janvier 2022, la RE2020 concerne la construction entière ou en partie de bâtiments à usage d’habitation. Les autres bâtiments seront concernés à partir du 1er janvier 2023.

Quels sont les 3 grands objectifs de la RE2020 ?
1.
Des bâtiments moins énergivores et décarbonés.
2. Des constructions à bas carbone, grâce à différents modes de construction et de matériaux.
3. Des bâtiments plus agréables à vivre naturellement en cas de forte chaleur.

Quelles sont les exigences de la RE2020 ? 
1. La prise en compte du climat pour améliorer le confort des bâtiments en été
2. La sobriété énergétique et les énergies renouvelables pour optimiser les bâtiments.
3. La favorisation de matériaux de construction durables, recyclables et locaux (ex : biosourcés)

Mais au fait, c’est quoi la rénovation énergétique ?

Lorsqu’on parle de rénovation énergétique, on fait référence à tous les travaux d’un bâtiment quel qu’il soit (maison, appartement, commerce, bibliothèque…), qui vise à réduire la consommation énergétique du bâtiment en question, ainsi que celle de ses habitants ou utilisateurs. L’enjeu de ces rénovations est également de décarboner les énergies qu’on utilise au quotidien pour notre confort thermique (isolation, chauffage, ventilation).

Par exemple, en rénovant les murs de sa maison, mon voisin isole le bâtiment par l’extérieur. Ces travaux permettent de réduire sa consommation de chauffage l’hiver, et de clim l’été.

🤔 La décarbonisation, ai-je bien lu ?
Je te rassure, tu as bien lu. La décarbonisation, c’est le fait de réduire son empreinte carbone. Comprends par-là, la baisse des émissions de gaz à effet de serre, du dioxyde de carbone (CO2) et du méthane (CH4). Tu auras deviné l’enjeu, celui de limiter l’impact sur le climat et notre belle planète.

La rénovation énergétique fait donc partie de la transition énergétique.

Petit point historique pour briller en société (ou pas !).

L’énergie est devenue un sujet “important” politiquement à partir du 1er, puis du 2e choc pétrolier. En 1991, l’AFME fusionne avec plusieurs autres agences qui concernent l’énergie en France pour devenir l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. La fameuse Ademe, qui est chargée des problématiques déchets et énergie.

En France, le thème de la rénovation énergétique a été remis sur le devant de la scène par le Grenelle de l’Environnement en 2007 (c’est tard, non ?). Puis, la rénovation énergétique a pris toute sa place lors de la Conférence environnementale de 2012. Cette dernière conforte que n’importe quelle rénovation doit être associée à une réflexion sur la consommation d’énergie des bâtiments rénovés.

Ok, et la RE2020 dans tout ça ?

La RT 2012, la base de la RE2020

Depuis 2007, la France a pour objectif de réduire par 4 ses émissions de gaz à effet de serre en 2050 par rapport à ses émissions de 1990. Scoop, 2050 est plus proche que ce que l’on croit, et je ne suis vraiment pas certaine qu’on y parviendra. À moins de se bouger rellement ! Bref, pour y parvenir :

  • on construit des bâtiments neufs produisant plus d’énergie qu’ils n’en consomment à compter de 2020 ;
  • on mise sur la rénovation des bâtiments existants (résidentiel et tertiaire).

Pourquoi met-on les bouchées doubles sur le secteur du bâtiment ? Parce qu’il représente le secteur économique le plus consommateur d’énergie en France (soit 44%). Il émet aussi environ 25% des émissions de CO2. Alors, autant y aller franco !


Une réglementation thermique apparait fin 2011, sous le petit nom de RT2012. C’est sûr, tu en as déjà entendu parler. Elle s’appuie sur 3 exigences de résultats :

  • les besoins bioclimatiques du bâti (appelé Bbiomax) ; cela signifie que la construction tient compte des contraintes liées à cet environnement et en tire les bénéfices (exposition au soleil, au vent…). Le but est de limiter les besoins en énergie du bâtiment grâce à Mère-Nature, tout en garantissant un niveau de confort pour les occupants.
  • La consommation d’énergie primaire (aka Cepmax) ; ici ce sont les consommations de chauffage, de refroidissement, d’éclairage, de production d’eau chaude sanitaire et d’auxiliaires (pompes et ventilateurs) qui sont dans le viseur. Les équipements doivent-être performants pour réduire la consommation énergétique.
  • Le confort en été pour les bâtiments non climatisés (surnommé Ticréf). Pour certains bâtiments selon leur catégorie, le type d’occupation et leur localisation doivent limiter la température intérieure maximale que le bâtiment peut atteindre au cours d’une séquence de 5 jours très chauds d’été.

La RT2012 s’appuie aussi sur des exigences de moyens (comme l’étanchéité ou la surface vitrée) et des indices performants avec le traitement des ponts thermiques.

Fred, la RE2020 c’est quoi alors ? J’y arrive justement !

C’est quoi la RE2020 ?

La RE2020 est donc une réglementation environnementale qui concerne la performance énergétique et environnementale des constructions neuves. Toujours dans le but d’atteindre la neutralité carbone en 2050, l’enjeu de la RE2020 est de mieux protéger l’environnement. Et pour y arriver, la conception et la construction des bâtiments résidentiels et tertiaires se font en :

  • optimisant les performances énergétiques grâce à la sobriété énergétique et en améliorant la décarbonation de l’énergie ;
  • diminuant une nouvelle fois l’empreinte carbone. Ici, on mise sur la diversité des modes de construction et la mixité des matériaux (comme les biosourcés par exemple) ;
  • garantissant des logements naturellement plus agréables en cas de temps chaud.

Tu comprendras que par son enjeu et ses objectifs, la RE2022 tend à remplacer notre vieille RT2012. La nouvelle réglementation va plus loin que les consommations d’énergie et les émissions de carbone des bâtiments. Elle prend aussi en compte celles liées à la phase de construction du bâtiment. Tu vois où je veux en venir ? C’est bien là que la bonne nouvelle arrive pour l’éco-construction. L’application de la RE 2020 devrait, d’ailleurs, permettre de diminuer de 30 % les besoins en énergie des bâtiments et d’agir en faveur de l’économie circulaire. Bref, je t’en dis plus d’ici quelques instants.

Quelle différence entre RT2012 et RE2020 ?

Il existe plusieurs différences, même si elles ne sautent pas aux yeux à la première lecture. Pour résumer, la RT2012 mise sur la réduction de la consommation des équipements, tandis que la RE2020 vise à réduire, voire à supprimer (on l’espère !), le gaspillage énergétique. Ce sont deux approches différentes.

  • Une histoire de label pour rentrer en conformité

La RT2012 s’appuie sur le label BBC (Bâtiment Basse Consommation) qui limite la consommation d’énergie des logements à 50 kWh/m2. La RE2020 est plus stricte en imposant le standard BEPOS. Cela veut dire que le bâtiment doit produire plus d’énergie qu’il n’en consomme. Ça ne te fait pas penser aux maisons positives ? Quand je te dis que la RE2020 donne un gros coup de pouce aux nouveaux modes et types de construction, je ne blague pas 😉

  • Une consommation toujours plus optimisée

Avec la RT2012, c’est l’usage du chauffage, de la production d’eau chaude sanitaire, de la climatisation et de l’éclairage qui est contrôlé. La RE2020 en tient toujours compte, mais rajoute les appareils ménagers et électroménagers à sa liste. Elle intègre aussi l’impact carbone des bâtiments. Et ce n’est pas rien !

La RE2020, un pas en faveur de l’éco-construction

Des logements positifs

Ce qui change surtout avec la RE2022, c’est que l’hexagone passe d’une réglementation thermique à une réglementation environnementale. Elle est plus exigeante avec la filière de la construction. Son but est toujours d’aller plus loin dans des bâtiments moins énergivores.

C’est une bonne nouvelle concernant l’éco-construction qui tend à prendre la place qu’elle mérite dans le secteur du bâtiment. La RE2020 renforce les initiatives de construction durable.

🤔 Petit rappel de l’éco-construction
L’ éco-construction rassemble toutes les constructions ou tous les travaux de rénovation qui limitent l’impact des bâtiments sur l’environnement et le climat. On parle aussi de construction durable.

Une construction durable se concentre à la fois sur l’environnement et sur l’humain, depuis la recherche des matériaux jusqu’à l’utilisation quotidienne, en passant évidemment par la phase de construction. Les enjeux sont :

  • d’assurer une performance énergétique optimale du bâtiment,
  • de favoriser des matériaux de construction durables, recyclables et locaux.

Alors, comment construire des maisons positives ? Tout d’abord, les pros du BTP doivent répondre aux critères BEPOS. Tu te souviens, c’est ce que je te racontais dans le paragraphe précédent, les habitations doivent produire davantage d’énergie qu’elles n’en consomment. Bref, l’exemple le plus répandu est celui des panneaux solaires. Tu utilises une ressource naturelle ☀️ pour produire de l’énergie qui servira à te chauffer. Une isolation renforcée est aussi un élément important dans la construction de nouveaux bâtiments, puisqu’elle imite l’utilisation du chauffage, de la clim, de la ventilation… Bref, tu évites le gaspillage énergétique et tu réduis l’utilisation des énergies fossiles (celles qu’on veut éviter pour minimiser l’impact sur Mère-Nature). Pour résumer, grâce aux énergies renouvelables, nos bercails assurent une performance énergétique optimale.

🤔 Maison passive et maison positive, c’est la même chose, non ?
Eh bien non. La maison passive a une consommation en énergie très faible, voire inexistante, mais elle ne produit pas d’énergie. Alors que la maison positive, oui. Ces maisons positives, aussi appelées BEPOS ou Bâtiment à Énergie Positive), produisent donc de l’énergie. Elles respectent les consignes et contraintes de la RE2020.

Ensuite, les artisans ou les particuliers qui construisent eux-mêmes leur bercail ont l’obligation d’utiliser des matériaux de construction adaptés. Euh oui, mais encore ? Les pros du bâtiment prennent en compte l’impact de fabrication des matériaux et des équipements. En d’autres termes, ciao le béton, bienvenue aux matériaux biosourcés.

🤔 Qu’est-ce c’est exactement les matériaux biosourcés ?
Selon le code de l’urbanisme, il s’agit “d’une matière issue de la biomasse végétale ou animale pouvant être utilisée comme matière première dans des produits de construction et de décoration, de mobilier fixe et comme matériau de construction dans un bâtiment.” Les matériaux biosourcés font référence aux matières et éléments fabriqués à partir du vivant, donc dérivés de la nature. Typiquement, le bois est un matière biosourcée.

On retrouve souvent les matériaux biosourcés pour les nouveaux isolants. Ils peuvent être dérivés du bois, de la ouate de cellulose, de la laine du chanvre/coton/mouton, de la plume de canard (on n’est pas encore sur du vegan hein 🙄), du liège, du lin, de la paille et enfin des textiles recyclés. Renouvelables, recyclables et émettant peu de polluants, les matériaux biosourcés ont un bilan carbone favorable. C’est pour cette raison que la Réglementation environnementale 2020, qui réglemente la construction depuis janvier 2022, encourage leur utilisation.

💡 Bon à savoir : un label d’exemplarité existe !
Il s’agit du Label BBCA (Bâtiments Bas Carbone) qui sert à mesurer l’exemplarité d’un bâtiment neuf ou à rénover pour réduire l’empreinte carbone. Le label promeut la réduction de l’empreinte carbone des bâtiments sur l’ensemble de leur cycle de vie, pendant les phases de conception, de construction, d’exploitation et de démolition.

D’autres solutions pour répondre aux normes RE2020

Avec la RE2020, on change nos habitudes de construction. D’autres modes constructifs sont innovants et prennent de l’ampleur à l’instar des constructions modulaires, des constructions hors site et la préfabrication.

Le réemploi et le recyclage, qui font partie de l’économie circulaire, permettent de revaloriser la matière existante.

Le circuit court est aussi favorisé. Cette démarche permet de diminuer les gaz à effet de serre (GES) grâce à la réduction des distances et de valoriser les ressources locales. Le circuit court valorise aussi la création de synergies entre entreprises voisines dans différents secteurs, limitant ainsi le risque de délocalisation.

Et si l’on veut aller plus loin, on prend part à la Low-Tech. Ce principe intègre la technologie selon son utilité, son accessibilité et sa durabilité.

Et la rénovation dans tout ça ? Elle est un axe essentiel dans l’optimisation de la performance énergétique des bâtiments en France, même si l’éco-rénovation n’est pas au cœur de la RE2020.

Je ne rentre pas plus dans les détails, tous ces sujets feront l’objet d’un article spécifique 😉

Les principaux impacts de la RE 2022 sur les projets de construction

C’est quand la RE2020 ?

Maintenant ! La réglementation s’applique aux constructions neuves depuis le 1er janvier 2022.

La RE2020, pour qui ?

Pour tout le monde. Pas de jaloux 😉. La réglementation environnementale concerne tous les bâtiments. Elle s’applique en 3 phases :

  • Au 1er janvier 2022, le RE2020 concerne la construction de bâtiments ou parties de bâtiments à usage d’habitation. C’est-à-dire nos logements. Tu prévois d’agrandir ton bercail ? La RE2020 s’applique donc à ton projet de construction.
  • Initialement prévue au 1er juillet 2022, puis reportée au 1er janvier 2023, elle sera étendue aux bureaux et aux bâtiments d’enseignement primaire et secondaire. Ici, la réglementation s’adresse aux bâtiments tertiaires, là où tu taf ou étudies quoi !
  • Pour finir, programmée pour 2024 (initialement au début 2023), la RE2020 s’appliquera aux autres activités tertiaires plus spécifiques, aux extensions de bâtiments précédemment cités et aux bâtiments provisoires.

💡 Bon à savoir n°1 : la RE2020 s’applique aussi aux constructions qui ne demandent pas de permis de construire ou de déclaration préalable.
💡 Bon à savoir n°2 : la RE 2020 ne s’appliquera pas aux bâtiments situés dans les départements d’outre-mer.

La RE2020 pour les professionnels

Cette nouvelle réglementation s’ajoute à 50 ans de normes de construction ! Tu te souviens de mon cours d’histoire rapide plus haut ? La première RT remonte à 1974 après le 1er choc pétrolier pour répondre aux enjeux environnementaux. Depuis, chaque réglementation thermique a toujours eu un impact quasi immédiat sur les projets de construction, les acteurs de l’industrie mettant en œuvre ces nouvelles normes. Ces dernières peuvent donner des noeuds au cerveau des pros comme des particuliers.

Caroline et Jacques Sabater en parlent dans l’épisode de podcast La place de la rénovation énergétique dans le bâtiment. Tu ne l’as pas encore écouté ? Fonce alors, tu découvriras le projet fou de notre invité qui a pédalé 700km à vélo pour sensibiliser aux enjeux de la rénovation énergétique

Bref, la RE2020 impose une transformation progressive des techniques de construction, des filières industrielles et des solutions énergétiques. Les constructeurs ont l’obligation de limiter l’impact de leurs constructions d’un point de vue environnemental et énergétique, tout en garantissant la qualité de vie des habitants.

Pour être plus concrète dans mes propos, les professionnels doivent :

  • examiner l’emplacement et l’orientation des futures constructions pour obtenir un bon taux d’ensoleillement en hiver ;
  • optimiser l’isolation thermique des bâtiments grâce à des matières organiques renouvelables (matériaux biosourcés) ;
  • installer une ventilation efficiente, comme la pompe à chaleur.
  • utiliser les énergies renouvelables ou des technologies adéquates pour que le bâtiment produise sa propre énergie (panneaux photovoltaïques, puits canadien…) ;
  • poser des vitrages de haute qualité pour réguler la chaleur, et ainsi éviter les pertes de chaleur l’hiver, mais conserver la fraîcheur en été ;

💡 Bon à savoir : pour l’instant, au moment où j’écris ces lignes (23/09/2022), la RE2020 n’oblige pas, elle incite fortement. Par contre, la réglementation se durcira tous les 3 ans.

La RE2022 pour les particuliers, quelles sont les aides ?

Pour aider les ménages à entrer dans la rénovation énergétique, plusieurs aides existent :

  • MaPrimeRénov’ qui finance les travaux d’isolation, de chauffage, de ventilation ou d’audit énergétique.
  • Les Certificats d’Economies d’Energie sont attribués aux particuliers, entreprises et collectivités réalisant des travaux d’économie d’énergie. Ils sont « rachetés » par les fournisseurs d’énergie sous forme d’offre de service ou de primes.
  • La TVA à 5,5% s’applique aux travaux de rénovation énergétique, qu’il s’agisse de dépenses en faveur d’économie d’énergie, d’isolation thermique ou d’équipements de production d’énergie utilisant une source d’énergie renouvelable.
  • L’éco-PTZ (Éco-Prêt à Taux Zéro) permet de bénéficier d’un prêt d’un montant de 30 000 € maximum pour réaliser des travaux d’éco-rénovation. La durée de remboursement fixée à 10 ans ou 15 ans selon certains travaux.
  • Le CITE (Crédit d’Impôt pour la Transition Énergétique) permet de déduire 30% des dépenses d’équipements et/ou de main d’œuvre de certains travaux de rénovation énergétique de ses impôts.
  • Les chèques énergie aide les ménages à obtenir une aide au paiement de leur facture pour toutes les énergies (électricité, gaz, fioul, bois…).

Un prochain article sera dédié aux aides, promis.

Sources
Frédérique Dussaillant

Frédérique Dussaillant