Habitats légers ou alternatifs, de quoi parle-t-on ?

Tiny house, yourte, cabane, maison conteneur ou en kerterre… ils font tous partie des habitats légers. Ces types de logements intriguent. Ils sont considérés comme minimalistes, économiques et écologiques ; mais aussi comme précaires, non fonctionnels et marginaux. À tort ou à raison ? Je te propose de découvrir ces habitats pas comme les autres.

“Vite Fred, je n’ai pas le temps de tout lire”

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Voici les points à retenir :

Qu’est-ce qu’un habitat léger ?
C’est un logement sans fondation. Il peut, soit se construire et déconstruire rapidement, soit être mobile.

Quels sont les types d’habitat léger ?
Il existe 4 catégories d’habitat dit alternatif : mobile, transportable, démontable et biodégradable.

Quels sont les avantages de vivre dans un habitat léger ?
Les 2 raisons principales de sauter le pas sont l’écologie (réduire son empreinte environnementale) et l’accessibilité financière.

Habitat léger définition

L’habitat léger fait référence à tout type d’habitat sans fondation, qui est facilement et rapidement démontable ou mobile.

En France, c’est la Loi ALUR (Accès au Logement et un Urbanisme Rénové) qui “encadre” depuis 2014 les habitats légers.

Même si de nombreux flous juridiques persistent, elle prend en compte tous les habitats réversibles (alternatifs, mobiles…) et les considère comme des habitats permanents.

habitat lever habitat alternatif tiny house
Tiny house, crédit photo Maxime Thibault

De nombreuses terminologies pour se différencier de l'habitat "classique"

Habitat réversible, habitat léger, nano-habitat, éco-habitat, habitat alternatif… Vous avez certainement déjà lu ou entendu ces termes.

J’en ai peut-être oublié, n’hésite pas à me le dire pour que je complète la liste 😉

En fait, ces différents noms et appellations recouvrent une même réalité : celle de se différencier de l’habitat dit “classique”.

Tu vois très bien, ce sont ces logements construits avec des parpaings, des briques ou du béton. Bref, ce sont les matériaux et les techniques de construction qui sont remis en question.

Voyons les conditions pour être qualifié d’habitat léger.

🤔 Attention !

Ici, je distingue la maison “classique” et maison “traditionnelle”.

La première fait référence au modèle de construction le plus courant. Alors que la seconde se réfère à une époque ou à un style architectural particulier en fonction de sa zone géographique et / ou culturelle.

Fun fact pour illustrer mes propos : la maison en ossature bois est la maison traditionnelle française. Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale, avec le besoin de reconstruire rapidement le pays, que le béton a connu une montée en puissance au sein de nos bercails.

Les conditions à respecter pour des habitats légers

Pour obtenir le titre d’habitat léger selon la Loi ALUR, plusieurs critères sont à suivre :

1. L'habitat doit être démontable

Le logement et les éléments qui la composent doivent impérativement être amovibles.

C’est pour cela qu’on parle d’habitat sans fondation ou d’habitat réversible.

2. L'habitat doit se monter et se démonter sans faire appel à des engins lourds

On dit à dieu aux grues ou autres véhicules de levage.

C’est aussi l’une des raisons pour laquelle les habitats réversibles sont plus sujets à l’autoconstruction.

3. L'habitat ne doit pas impacter le budget des collectivités territoriales

Ici, il s’agit du raccordement de l’habitat aux réseaux publics d’eau, d’électricité et d’égouts.

L’habitat peut aussi être autonome vis-à-vis des réseaux.

4. L'habitat doit respecter les règles d'un logement décent et salubre

Pour être un logement décent, l’habitat doit respecter des dimensions précises et un offrir un confort basique.

Par exemple, l’habitat doit avoir :

  • Une surface minimale de 9 m² avec une hauteur sous plafond de 2,20 m minimum ;
  • Un accès à l’eau potable avec pression suffisante ;
  • Un réseau électrique et/ou gaz, ainsi qu’un chauffage aux normes et en bon état ;
  • Un éclairage naturel suffisant dans les pièces principales ;

L’habitat ne doit pas présenter de risque de mise en danger de la santé ou de la sécurité de l’occupant.

Ici, les habitats légers sont généralement écologiques. C’est plutôt vis-à-vis de l’entretien. L’habitant doit veiller à la propreté du logement pour éviter les incendies.

Quels sont les différents types d'habitats légers ?

Essayer de mettre des gens dans des cases, c’est difficile. C’est tout aussi vrai pour les habitats légers.

Pourquoi ? Parce que, comme le souligne l’association Hameaux Légers, “il existe presque autant d’habitats réversibles que d’habitants”.

Pour autant, les habitats légers sont répertoriés en 4 grandes catégories selon leur utilisation :

1. Mobile

L’habitat peut être monté sur roues comme les tiny houses, les caravanes, les roulottes… ou flottant comme un voilier. 
Il permet de se déplacer librement.

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Roulottes, crédit photo Graham Hobster

2. Transportable

Cette catégorie fait référence aux habitats qui sont déplacés par traction.
Il peut s’agir de mobile-home sur la voie routière ou de péniche par voie navigable.

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Mobile-home, crédit photo Stefan Widua

3. Démontable

L’habitat est conçu pour être démonté, déplacé et remonter facilement comme les yourtes et les tipis.

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Yourtes, crédit photo Tuguldur Baatar

4. Biodégradable

Ici, ce sont les maisons en kerterre, en terre ou en paille, les chalets en bois, love-shack

💡 Bon à savoir 

Retrouve le catalogue de l’habitat réversible avec de nombreux exemples de bercails dits “légers”.

Tu peux aussi retrouver l’épisode de podcast avec Angéline Broust, spécialiste urbaniste et présidente de l’association Hameaux Légers.

Elle décortique les différents habitats réversibles, les motivations et les craintes qu’il y a face à ces bercails pas comme les autres.

💡 Bon à savoir 

Dernier point important, ces habitats réversibles peuvent être considérés comme :
– 
permanents en tant qu’habitation principale. Selon la loi ALUR, il faut habiter le logement minimum 8 mois par an ;
– de loisir à l’instar des locations saisonnières (Tiny House, Glamping, cabane dans les arbres…).

Pourquoi vivre dans un habitat léger ?

Les principales raisons sont écologiques, économiques, sociales et sociétales 👇

🌱 Un habitat plus écologique pour réduire son empreinte environnementale

Comme on vient de le voir, l’habitat léger a des fondations réversibles permettant de préserver les sols de l’artificialisation.

Ensuite, ces bercails sont construits suivant une démarche écologique avec des matériaux locaux et naturels, comme des isolants biosourcés.

Il peut s’agir également de matériaux de réemploi ou de récupération.

Toujours dans le but de limiter l’empreinte écologique, les habitats réversibles sont souvent dotés d’équipements :

  • Low tech comme un système de récupération d’eau de pluie, un puit canadien… ;
  • Ou utilisant les énergies renouvelables comme les panneaux solaires.
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Maison paille avec un panneau solaire, crédit photo Teresa Cotrim

💸 Un habitat plus économique et plus accessible

Eh oui, de part la taille des habitats réversibles souvent petits, ils sont accessibles financièrement. Par exemple, une tiny house s’achète à partir de 40.000 euros, une yourte est accessible à moins de 10.000 euros.

Les prix s’élèvent en fonction du fabriquant et du type de matériaux utilisés. Les tarifs peuvent diminuer si vous pensez à l’autoconstruction. Les habitats alternatifs limitent donc l’endettement.

Et à l’usage ? Une fois de plus, un habitat léger bien conçu et isolé coutera moins cher puisque il y a moins de volume à chauffer, à entretenir, à éclairer… qu’une maison classique.

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Maison container, crédit photo Keith (AirBnB)

🏡 Une solution à la crise du logement

Avec la hausse du prix des logements, l’augmentation des communes en zone tendue, la diminution de la qualité des bercails existants (passoires thermiques…), la restriction des terrains urbanisables… conjugués à la crise économique actuelle et l’inflation exponentielle, un défi social de taille nous attend !

Les habitats légers apparaissent comme une solution pour se loger dignement et à faible coût, comparé à l’achat ou la location d’une maison classique.

En effet, pour devenir propriétaire de son bercail, il faut passer par un emprunt hypothécaire sur 25 ans avec des conditions de plus en plus strictes (revenus conséquents et stables) et un taux de crédit qui s’envole.

😌 Un habitat alternatif qui inviter à ralentir

L’habitat réversible s’inscrit dans une tendance de simplicité et de sobriété.

C’est un mode de vie qui se concentre sur l’essentiel, tout en ralentissant le rythme. Il répond au besoin de vivre plus en harmonie avec notre planète.

Et, il vient en opposition à la sur-consommation et à la course effrénée à la croissance insufflées par la société.

Bref, c’est :

  • Avoir moins, mais mieux : un bercail plus petit, mais une meilleure qualité de vie ;
  • De passer moins de temps à s’occuper de sa maison, mais davantage à l’habiter.
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Maison conteneur, crédit photo Jed Owen

Habitat léger, existe-t-il un inconvénient ?

Des stéréotypes existent sur les maisons réversibles. L’image de la marginalité leur colle à la peau.

C’est une question du regard des autres et de méconnaissance de ce type d’habitats alternatifs.

C’est pour cela que des collectifs comme Hameaux Légers ou des particuliers comme XXX ont pour mission de démocratiser l’habitat réversible par la pédagogie.

Dernier inconvénient très contraignant : les flous juridiques.

Aujourd’hui, on manque d’un cadre réglementaire pour ce type d’habitats légers. Cela dépend des règles inscrites dans le PLU de chaque commune et du bon vouloir du maire pour ce type de bercail.

Ce qui peut donner des situations rocambolesques à l’instar de celui d’Harald et Amalia avec leur maison en terre-paille en Bretagne.

 

👉 Un article complet arrive prochainement sur la législation des habitats réversibles, promis.

Pour conclure

Les habitats légers reflètent le désir de participer à la transition climatique, grâce à un mode de vie plus sobre et durable.

Si les habitats réversibles sont bien écologiques et économiques, ils permettent aussi de répondre en partie à la crise du logement en France.

C’est avant tout la méconnaissance de ce type d’habitat alternatif et un manque de cadre juridique qui entraine la méfiance des élus pour les accueillir dans leurs communes.

Et toi, serais-tu prêt à sauter le pas ? Parle-moi de ton projet ou de ton expérience en commentaire 👇

Sources
Frédérique Dussaillant

Frédérique Dussaillant