Partie 1

Construire son jardin d'Eden sur Terre grâce à la permaculture

Journal de bord : à la rencontre d'un adepte de la permaculture.

Julien Pecot, 44 ans, est un père de famille jovial et tranquille. Féru de permaculture, il cherche à appliquer ces principes, aussi bien pour son lieu de vie, que dans son quotidien professionnel en tant qu’assistant web.

Lors d’une session de travail commune, il me mentionne sa participation à la formation Permaculture donnée par Jessie et Andrew Darlington. Elle se déroule dans l’éco-lieu et au camping de Poul’Art à Rieumes (31) dans le sud-ouest de la France.

La permaculture ? C’est quoi ? Comment ça fonctionne ? Comment ça peut être utile pour nos bercails ?

Je saisis l’occasion de satisfaire ma curiosité grandissante, je lui demande de raconter son expérience grâce à un journal de bord en audio.

Deal !

Grâce à une série de 4 articles, je te retrace les pas de Julien, un passionné de permaculture qui part à la rencontre de ce monde qui l’intéresse tant.

La permaculture, l'envie de recréer son jardin d'Eden

7 juillet 2023 : Camping-car de Julien

Julien a pris la route le 6 juillet 2023 depuis Castelnaudary dans l’Aude (11) pour rejoindre le camping Poul’Art à Rieumes à 1h30 de son domicile.

Ça sera désormais son bercail pour les 10 prochains jours, le temps de se former à la permaculture.

“Je suis cette formation pour peut-être changer mon état d’esprit et m’ouvrir sur des choses auxquelles je n’avais pas pensé tout simplement.”

Julien Pecot
Julien Pecot, notre explorateur qui suit la formation Permaculture de Jessie et Andrew Darlington

Julien a toujours aimé être au contact de la nature depuis tout petit, il se souvient avec tendresse des nombreuses balades en campagne avec sa grand-mère. La forêt, la nature, c’est son truc.

À 25 ans, à la suite d’un bilan de compétence, Julien devient ouvrier paysagiste. Il veut apprendre de la nature et de la terre pour créer son propre jardin.

Une lecture a aussi marqué le jeune homme. L’histoire d’un samouraï errant qui décide de se poser afin de travailler la terre. À chaque averse, la pluie efface son labeur, jusqu’au jour où le guerrier comprend qu’il agit contre la nature. Sa prise de conscience l’amène dorénavant à travailler différemment, en harmonie avec elle.

La philosophie de la permaculture est universelle, elle résonne en lui à tel point qu’il veut s’y aligner. C’est une vision plus globale qu’un jardin, pour créer son éden, son lieu de vie.

“J’aspire à créer un lieu de vie pour ma famille où je suis en symbiose avec l’environnement. Je ne cherche pas à dénaturer le lieu, même si je construis un habitat, bien au contraire. Je veux que les animaux puissent s’arrêter et repartir sans se sentir en danger. C’est important pour tous les êtres vivants, pas que moi ou ma famille, mais pour tous les êtres qui interagissent dans ce lieu.”

Créer son jardin d’Eden, voilà son but.

Jour 1 : Rencontre & Principes de la permaculture

8 juillet 2023 : camping Poul’Art

Premier jour, premier audio.

Avec un enthousiasme débordant, Julien raconte sa rencontre avec son groupe composé de 11 personnes et de 2 formateurs. Les journées s’articulent autour de 3h de cours le matin et 3h de cours l’après-midi.

Il commence : “L’éthique de la permaculture, c’est super intéressant parce que c’est global, systémique, holistique. C’est une vision globale de comment on pourrait vivre.”

Julien me donne une définition de la permaculture : “c’est un système éthique de planification d’un lieu permettant une utilisation optimale des ressources naturelles et humaines, dans le but de créer un éco-système au service de l’homme qui a la même stabilité et diversité que les systèmes naturels, tout en respectant la vie dans toutes ces formes.”

Oui, la phrase est longue, mais elle me permet de commencer à appréhender le concept.

Il m’explique que la permaculture, ce sont des mondes dans un monde, toujours en expansion et reliés les uns aux autres.

“Sensible à la spiritualité asiatique, ça me semble logique, tout s’influence et est interconnecté” me confie-t-il.

Chaque action humaine aurait-elle une incidence sur notre environnement, même si petite soit-elle ?

permaculture

Jour 2 : On rentre dans le vif du sujet

9 juillet 2023 : camping Poul’Art

Julien et son groupe rencontrent les propriétaires du lieu, Sophie Rabhi-Bouquet et Laurent Bouquet, pour comprendre leur projet et sa raison d’être.

Les propriétaires expliquent que leur camping est un lieu de vie qui a un enjeu éducationnel autour de la famille.

Leur souhait est de voir s’installer 15 familles à l’année dans cet éco-lieu et de créer 10 espaces de locations courte durée pour le camping.

L’idée est d’avoir une base commune qui s’adapte à chaque nouveau membre en fonction de leur compétence et du savoir-faire à transmettre.

formation permaculture ecolieu poulart
L’espace détente du camping et de l’écolieu de Poul’Art. C’est le point de rassemblement des activités : concerts, journées portes ouvertes, restauration… - Crédit photo : Julien Pécot

Il apprécie tout particulièrement le groupe dont il fait partie et l’approche des formateurs.

“C’est structuré, mais il n’y a pas de protocole. Ce sont vraiment des discussions, sans document, c’est intéressant pour retenir les découvertes.”

L’après-midi, le groupe a parcouru le camping pour s’imprégner du lieu. C’est la première étape des 12 principes de la permaculture : Observer & Interagir. Chacun des élèves analyse le lieu de vie selon son propre regard et son propre ressenti.

Julien conclut l’audio, content de cette journée : “Ça va dans mes espoirs pour ce monde, savoir que d’autres personnes l’ont fait ou sont en train de le faire, c’est rassurant.”

La permaculture représente une action pour faire sa part contre le réchauffement climatique :

  • Celle de se loger, de se nourrir et de vivre en quasi-autonomie, en symbiose avec le fonctionnement de la nature ;
  • Celle de pouvoir reprendre le contrôle sur son lieu de vie, en choisissant les composants et les systèmes durables de son habitat ;
  • Celle de pouvoir “préserver” la faune et la flore dans ce lieu de vie ;
  • Celle de revenir à un lieu plus petit, qui introduit de nouveau le collectif pour réellement s’entraider et partager.

Un espoir qui permet aussi de démocratiser la permaculture pas forcément pour convaincre, mais juste pour dire que cette possibilité existe me commente-t-il.

À la suite de leur analyse du site la veille et leur discussion avec les propriétaires, les élèves étudient ensuite les secteurs grâce à un schéma.

🤔 C’est quoi un secteur en permaculture ?

Un secteur est un outil d’analyse qui permet de comprendre le fonctionnement du lieu. Il sert à prendre des décisions éclairées. Le secteur désigne les forces incontrôlables qui traversent le lieu, comme le soleil. Voir schéma ci-dessous.

Schéma des secteurs en permaculture
Schéma de propriété : analyse des secteurs de l’écolieu Poul’Art fait par Julien lors de sa formation en permaculture - Crédit photo : Julien Pecot

Schématiser les secteurs (influences dominantes) permet de chercher une solution en fonction du projet. En permaculture, il existe 3 types de solutions : biologique, mécanique et chimique.

  • La solution biologique correspond à une solution naturelle existante comme les moutons pour tracer les chemins d’écoulement de l’eau.
  • La solution mécanique entraine l’utilisation d’engins pour fabriquer une solution, comme un engin de terrassement pour construire un puits canadien.
  • La solution chimique peut être le feu ou l’acide humique (humus) créé par le compost car ce sont des solutions émanant d’une réaction chimique.

On privilégie toujours une solution biologique, avant une solution mécanique, elle-même prioritaire sur la solution chimique.

Puis, Julien analyse les différentes zones qui correspondent aux espaces de vie ou d’activité sur le lieu :

  • les structures : les bâtiments (comme l’habitation) ou le potager ;
  • la culture du sol ;
  • les animaux ;
  • les espaces d’accès comme les routes : la distance avec la ville influence sur notre mode de vie…

En permaculture, on parle d’échelle de permanence. On va du moins modifiable (comme le climat, la géologie ou la géographie) au plus modifiable (comme la gestion de l’eau de pluie).

“Le travail est intéressant, car ce n’est jamais pareil dans la forme ou la construction. Cela se fait forcément en fonction du climat, de la topographie et de la typologie du lieu. Les principes restent inchangés, mais la réponse est chaque fois différente.”

Pour conclure

L’éthique et les principes de la permaculture sont universels, les outils et les réponses sont uniques à chaque lieu. C’est ce que je retiens des premiers audios reçus par Julien.

Dans le prochain article, Julien nous partage ses apprentissages sur le climat, l’eau et les arbres. Promis, on ne rentre pas dans une secte, mais bien dans le domaine plus technique de la permaculture 😉

⚠️ Important !

Cet article n’est pas le résumé de la certification en permaculture donnée par Jessie et Andrew Darlington. Si tu veux plus d’informations, visite leur site dédié : https://lepaysagecomestible.com/

Frédérique Dussaillant

Frédérique Dussaillant